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Le portrait du mois

Chaque mois, le GIS CybCOM vous propose de découvrir plus en détail l'un de ses membres. Ce mois-ci, le membre à l'honneur est Artur Nogueira.

Portrait : Artur Nogueira de São José : « Une trajectoire marquée par l'étude des interférences électromagnétiques »

Chercheur post-doctorant au CNRS, Artur et l'équipe du projet LoRa-R essaient de trouver les vulnérabilités des réseaux de capteurs sans fil basés sur la technologie LoRa/LoRaWAN face aux interférences électromagnétiques. Le fait que cette technologie soit partiellement propriétaire augmente les défis de ce projet et force les chercheurs à faire de l'ingénierie inverse.



Le premier contact de ce brésilien avec la France s’est passé à la télé, en 1998 : l'équipe de Zinedine Zidane a battu la sélection brésilienne avec un surprenant 3x0. Malgré ce résultat pas très agréable au football, la culture française est très appréciée au Brésil.

Puis en 2019, Artur (à cette époque, étudiant en thèse à l'Université fédérale du Minas Gerais, sous la direction de Ricardo Adriano et Ursula Resende) a eu l'opportunité de faire un stage de recherche à l'IFSTTAR, à Villeneuve d’Ascq en France (actuellement, Université Gustave Eiffel) avec une bourse de l'agence de recherche brésilienne CAPES pendant 7 mois. Cette expérience lui a permis d'échanger des expériences avec des chercheurs internationaux et d'avoir son premier contact avec la thématique de la cyber sécurité. Sous la direction de Virginie Deniau, directrice de recherche, il a étudié les effets du brouillage intentionnel sur la communication ferroviaire GSM-R et il a proposé l'usage de certaines techniques de traitement des signaux pour réduire ces effets indésirables.



En 2020, en phase finale de sa thèse au Brésil, il était très content de recevoir une invitation de Eric Simon, maitre de conférence, pour rejoindre l'IRCICA (CNRS USR 3380) pour un postdoctorat sur le projet de cyber sécurité LoRa-R sous sa supervision ainsi qu'Alexandre Boé. Depuis novembre 2020, il étudie les vulnérabilités d'un système de capteurs sans fils installé dans les trains par la SNCF face aux interférences électromagnétiques (EM). Les interférences étudiées sont d’ordre intentionnelles, du type brouillage EM, ou d’ordre non intentionnels, provenant de la perte de contact entre la caténaire et le pantographe. Cela reste un défi car le système de communication LoRa est propriétaire, donc son mode de fonctionnement n'est pas totalement connu. Ainsi Artur est amené à faire de l’ingénierie inverse pour essayer de découvrir comment les récepteurs radio d'un réseau LoRaWAN traitent les données reçues en différents situations.



Toutes ces expériences en France sont très riches pour lui. Il a appris à travailler dans une équipe multidisciplinaire, avec des spécialistes en informatique, mathématique, radiofréquence etc. Il a aussi eu des contacts avec les industriels, dont la SNCF. Il a trouvé tout de suite sa place, en apprenant notamment très vite le français, et ses qualités humaines en font un collègue très apprécié de tous les membres de l’équipe. 


 

Portrait : Christophe Gransart : « Le réseau sans fil ne ment jamais ; il suffit de l’écouter »

Chargé de recherche en informatique au Laboratoire d’Electronique, Ondes et Signaux pour les Transports (LEOST – Villeneuve d’Ascq, Université Gustave Eiffel), Christophe Gransart est également un des membres fondateurs du GIS CybCOM. Actuellement au cœur de plusieurs projets, nous vous proposons aujourd’hui le portrait d’un homme de science inspiré.

L’informatique a toujours été une de ses passions. Depuis son enfance déjà, c’est une appétence qui s’est naturellement couplée avec son goût prononcé pour la lecture, et plus particulièrement pour le genre de la science-fiction. Les univers dystopiques ou futuristes, l’apocalypse proche ou lointaine ou encore le règne des machines sont là des thématiques étroitement liées aux progrès de l’informatique, récurrentes dans les œuvres littéraires ou audiovisuelles de notre siècle (on peut citer Soon, bande dessinée de Benjamin Adam et Cadène Thomes recommandée et appréciée par Christophe, ou encore les films Matrix ou le jeu vidéo Cyberpunk 2077).

« Nous ne nous réveillerons pas […] dans un nouveau monde ; ce sera le même, en un peu pire. »
– Michel Houellebeck.

Cette citation, issue d’une lettre écrite à l’occasion du premier confinement suite à la pandémie par l’un des écrivains français les plus marquant de notre époque, figure à ce jour dans la signature électronique de Christophe. Un peu pessimiste direz-vous, mais elle reflète pourtant une certaine réalité et le leitmotiv de Christophe. Résoudre des problèmes scientifiques et participer à l’amélioration de la société, c’est là son ambition professionnelle et une des raisons pour laquelle il s’intéresse depuis maintenant une dizaine d’année à la cybersécurité des réseaux sans fil.

« Y a dix ans, parfois, on nous prenait un peu pour des martiens, en disant qu’on amenait toujours la mauvaise parole, des mauvaises nouvelles. Et puis, de plus en plus d’entreprises ont pris conscience de cette thématique et maintenant adhèrent aux faits qu’il faut prendre en compte la cybersécurité quand on installe un système ou qu’on crée un programme. »

Les vertus d’un bon chercheur ? Motivation, curiosité, ténacité, humilité. Il ne faut pas avoir peur de se « casser la tête » quand notre recherche fonce droit dans le mur, au contraire. Actuellement, Christophe mène de front de nombreux projets différents qu’ils partagent avec d’autres membres du GIS CybCOM. On peut citer par exemples LoRa-R (susceptibilité des communications LoRa dans le monde ferroviaire, plus d’infos ici), GLOCAT (géolocalisation d’attaquants, plus d’infos ici) ou encore ses travaux sur le brouillage intelligent contre les drones. Difficile de jongler avec tout ça, mais pas impossible.

« J’avais fait une photo de mon bureau, qui est un peu en bazar, et puis je l’avais envoyé à une amie. Elle a zoomé un peu, elle a vu le titre d’un bouquin et elle m’a dit : " Tu lis du porno pendant tes heures de boulot ? ". Le titre du livre, c’était Penetration testing. »

Si le pentest – ou test d’intrusion, une méthode d’évaluation pour la sécurité d’un système informatique – est considéré comme tel, alors oui, Christophe est accro au porno.